Quelle que soit leur taille, les globes terrestres présentent toujours une face cachée. À ce titre, il est nécessaire de tourner autour ou bien de les faire tourner pour en appréhender toutes les particularités. Chaque mouvement érige la région consultée en centre éphémère. Chaque nouvelle consultation donne lieu à la définition d’un nouveau centre. Mais la sphère est isotrope, cette propriété confère la même valeur à tous les lieux d’un globe.
Au contraire, l’installation « Le monde au cube » exploite une approche de la figuration de la terre au service de la valorisation de lieux particuliers. Il s’agit de les placer au centre du monde à travers une opération cartographique qui combine une médiation scientifique avec une démarche artistique.
Pour chaque lieu – espace public, jardin, édifice… –, l’opération engendre un cube qui lui est dédié, soit un ensemble de six figures spécifiques. Elle est basée sur deux lignes perpendiculaires déterminées par l’organisation spatiale, l’orientation et la position du lieu en question sur le globe. Ces lignes sont prolongées autour de la sphère terrestre de manière à définir deux grands cercles géodésiques. Par rotations successives de 90°, ces cercles définissent six points remarquables sur le globe. Ils constituent les centres d’autant de figures du monde qui, par assemblage, forment un cube. In fine, ce cube est monté sur un axe de rotation incliné. À ce titre, il présente à priori toutes les caractéristiques d’un globe terrestre. Cependant, alors que la figure du globe est universelle, chaque cube construit suivant le principe proposé est singulier, il propose des points de vue déterminés par la position et l’orientation du lieu d’origine. Enfin, chaque face du cube figure un hémisphère ; avec ses six faces, le cube représente trois globes complets.
Au-delà du caractère ludique et esthétique de l’objet, ses différences avec les représentations habituelles de la terre invitent au questionnement, à la découverte et à l’investigation. Elles montrent que les figures familières du globe terrestre résultent de conventions dont la validité n’est pas universelle. En ce sens, la proposition constitue une incitation au débat sur les manières de rendre compte de la sphère terrestre et de ses propriétés géométriques.
