En Palestine, trois formes d’accaparement du territoire

Publié le 1er novembre 2023

Après « Les olives amères de Palestine », voici un deuxième reportage signé Johanna Schreiner. Quand on bafoue l’humanité et le droit depuis des décennies, c’est la violence qui prend le dessus et les civils d’Israël et de Palestine se retrouvent aujourd’hui pris en otages d’une guerre immonde. Comment en est-on arrivé là ? Pour se forger un jugement le moins biaisé possible, mieux vaut chercher à connaître l’histoire et la vraie vie des gens, mais aussi le fonctionnement des dispositifs de production de l’espace. C’est ce que tente l’auteure de cet article paru en août 2019.
la rédaction

Colonisation, occupation, annexion, ces trois façons de s’approprier l’espace et le territoire d’autrui reposent sur des dispositifs différents mais complémentaires, l’un pouvant préparer le terrain et les conditions d’application de l’autre. En fait, exploiter, opprimer et contrôler sont des pratiques généralement concomitantes. Trois lieux emblématiques dans les Territoires palestiniens occupés illustrent ces subtils processus d’accaparement, dont les traces sont parfaitement détectables dans le paysage : la zone industrielle de Barkan près de Naplouse, la vallée du Jourdain et Jérusalem-Est.

par Johanna Schreiner


La « colonialité » du projet sioniste a longtemps fait débat. En 1967, dans un texte polémique, « Israël, fait colonial ? », Maxime Rodinson rapportait le projet sioniste à l’impérialisme occidental [1]. Aujourd’hui, il semble encore plus difficile de parler du conflit israélo-palestinien sans affect, en raison de l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme [2], qui dénote, soit une démarche d’instrumentalisation politique, soit une étonnante ignorance de l’histoire.

Le camp de Shu’fat à Jérusalem-Est en 2010.
Photo : Radwan.salh, domaine public.

Empêtrée dans les conceptions nationalistes de son contexte d’émergence en Europe orientale, réduite aujourd’hui à une dimension ethnique et religieuse, l’identité nationale israélienne s’est construite sur le principe d’État-nation, tel que laissé en héritage (empoisonné) à nombre de pays anciennement colonisés [3], et sur la nécessité d’éliminer tout frein à la réalisation de ce projet, dont la présence arabe en Palestine. L’exode de la population palestinienne de la Palestine mandataire commence en 1948 [4]. En janvier 2020, l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East) comptait 6 293 390 réfugiées palestiniennes enregistrées au Proche-Orient.
Parmi ces personnes réfugiées enregistrées auprès de l’UNWRA, 1 065 772 vivent en « Cisjordanie » (la « Westbank », avec Jérusalem-Est, sans Gaza). Cette dernière compte aujourd’hui un peu plus de 3 millions d’habitantes, dont 14% sont des colons.

Le colonialisme israélien se décline en de multiples dispositifs visant à instaurer une logique du fait accompli (colonisation de peuplement, colonisation économique, occupation militaire, etc.) et justifiant une annexion administrative et juridique rampante.

Aujourd’hui, à la lumière des Settler Colonial Studies, la Palestine peut être considérée comme un « laboratoire des processus globaux de domination et de dépossession » qui caractérisent notre monde capitaliste [5]. Pour comprendre ce qui se joue, on peut montrer les façons dont opère et se décline l’accaparement israélien du territoire de la Palestine à partir de ses manifestations concrètes plutôt que par une analyse des discours qui en masquent généralement les ressorts et les logiques. Cela revient à tenter de « lire le paysage » (Roger Brunet) [6].

Barkan : La colonisation

La notion de colonisation ne recoupe pas forcément celle de colonialisme. La colonie établie sur un territoire inhabité, par exemple, ne relève pas d’un acte de colonialisme puisqu’elle n’instaure pas de rapport de domination [7]. La colonisation devient un impérialisme si elle est l’objet d’une idéologie et d’un programme politique d’envergure, tel celui qui, sous couvert de mission civilisatrice, a semblé légitime et fondé aux pays européens au XIXe siècle. « Nous ne voulons faire de l’ombre à personne, mais nous réclamons aussi notre place au soleil », clamait, en 1897, Bernhard von Bülow, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères allemand, pour justifier les velléités expansionnistes du Reich.

Degania en 1931, coopérative agricole au bord du lac de Tibériade, créée en 1909 sous la direction d’Arthur Ruppin. Au fond, la ville palestinienne de Samakh, détruite en 1948.
Photo : American Colony (Jérusalem).

Du projet sioniste possiblement socialiste des origines ne reste que l’image d’Épinal des kibboutzim et moshavim, anciennes colonies de production agricole de diverses formes communautaires et coopératives. Très tôt, une logique coloniale s’est imposée, car le pays n’était pas vide, la terre appartenait à d’autres et l’espace était déjà habité [8].

L’économiste allemand Arthur Ruppin (1876-1943), l’un des grands maîtres d’ouvrage de la colonisation sioniste, en appelait à une « vie commune harmonieuse » avec les Arabes, dont il ne niait ni la présence, ni la supériorité démographique. D’une part, il suffirait de faire évoluer ces lointains cousins pour pouvoir vivre ensemble en paix et, d’autre part, l’expansion de la colonisation juive était justifiée par l’état d’inexploitation des terres : « Ce n’est pas par manque de place qu’il devrait y avoir une lutte entre Juifs et Arabes, il y a de la place pour tout le monde » [9].

En 1947, pour Ben Gourion, qui usait de la même rhétorique, il s’agira pourtant de « conquérir le pays, tout entier ou en grande partie, et pérenniser cette conquête jusqu’à ce qu’il y ait un arrangement politique approuvé » [10].

Le plan de partage de l’ONU de 1947 attribua 45% du territoire de la Palestine aux autochtones arabes et 55% aux nouveaux venus juifs, bien que ceux-ci et celles-ci soient deux fois moins nombreuxses [11]. S’ensuivit la création de l’État d’Israël le 14 mai 1948.

Après la guerre de 1967, Israël commença à « déborder » (Shlomo Sand) [12]. Les colonies israéliennes s’installèrent là où les populations locales avaient été expulsées et interdites de retour et leurs biens confisqués (selon la loi israélienne sur la propriété des absents de 1950). La première colonie installée sur le territoire de l’ancienne Cisjordanie fut Kfar Etzion (aujourd’hui intégrée au groupe de colonies de Goush Etzion), entre Jérusalem et Hébron. Ces colonies, dites « sécuritaires », avaient clairement pour fonction, non pas l’exploitation agricole des terres, mais une appropriation du territoire et relèvent donc du colonialisme. Rappelons que selon l’art. 49, § 6 de la quatrième Convention de Genève (GCIV), ainsi que selon la résolution 242 des Nations unies de novembre 1967, sont illégales (au regard du droit international) l’installation et le développement des colonies de peuplement et des infrastructures dans des territoires occupés.

Aux traces visibles de cette colonisation dans le paysage (colonies fortifiées, « avant-postes », mur de séparation, clôtures, check-points, signalétique, omniprésence militaire, afforestation stratégique, biens propres détruits, etc.) [13] se superpose une colonisation invisible, faite de restrictions administratives empêchant l’exploitation du territoire et la libre circulation des personnes palestiniennes (régime d’autorisations, zones « militaires » fermées, routes de « contournement », etc.).

Implantation des zones industrielles en Cisjordanie occupée.
Source : Who profits

En 2020, la Cisjordanie occupée compte au moins 132 colonies israéliennes officielles et 124 « avant-postes » non-officiels, où vivent environ 427 800 colons [14]. Ces colonies pratiquent très souvent l’agriculture, mais celles situées essentiellement le long de la ligne d’armistice de 1949 hébergent 18 zones industrielles. Ces zones sont partie intégrante du tissu économique israélien et opèrent ce que l’on peut considérer comme une colonisation économique.

Barkan est l’une de ces colonies illégales. Située au sud-ouest de Naplouse, elle est voisine de la colonie Qiryat Netafim et de l’avant-poste Ma’ale-Yisarel. Fondée en 1981 par la droite nationaliste (Betar et Hérout), c’est une colonie de colons « modérés » si on la compare à certaines de ses voisines.

Elle s’est dotée d’une zone industrielle dès sa création. L’implantation s’est faite, comme partout ailleurs, sur des terres municipales confisquées aux villages palestiniens du secteur. Au sommet de ses deux collines, la colonie n’a cessé de s’étendre. Aujourd’hui, les constructions jouxtent d’impressionnantes cuves vinaires, datant probablement de l’époque byzantine, vestiges archéologiques laissés en l’état et dont les sites sont interdits d’accès aux Palestiniennes. Ici et là, on trouve aussi des restes de haies de figuiers de Barbarie, qui délimitaient autrefois les terrains palestiniens, et ceux des vieilles oliveraies, qui ont dû faire place aux maisons et aux bâtiments industriels.

À Barkan, la zone industrielle grignote doucement le patrimoine antique.

Les routes desservant la colonies et sa zone industrielle sont interdites d’accès aux Palestiniennes des villages voisins. Le territoire municipal du village le plus proche, Qarawat Bani Hasan, se compose de 9% de zone B (sous contrôle mixte palestinien et israélien), les 91% restants relevant de la zone C, sous le contrôle d’Israël.

L’accord intérimaire de Taba (Oslo II) de 1995 entre Israël et l’Autorité nationale palestinienne divise la Cisjordanie en trois zones : la zone A, sous autorité palestinienne (18% du territoire cisjordanien), la zone B, dans laquelle la sécurité intérieure est assurée conjointement avec l’armée israélienne (20%) et la zone C, entièrement sous le contrôle administratif et militaire d’Israël (62%).

Dans la zone C, les infrastructures et habitations sont détruites de façon arbitraire par les Israéliens. Il en est de même pour le petit village de Sarta (16,8% de zone B, 83,2% de zone C), au sud-ouest de Barkan. Au cours des trois derniers mois, dans les villages de Haris et de Deir Istya, plus de 400 oliviers ont été détruits [15].

À cette réalité du quotidien des populations locales se surimpose la deuxième réalité, celle de la présence coloniale. À l’est de Barkan, la colonie d’Ariel s’étire le long de la route 5. Le mur de séparation, terminé sur certaines portions seulement, chausse déjà l’extrémité de ce qu’on appelle le « doigt d’Ariel » qui pénètre profondément en Cisjordanie, à une vingtaine de km de la ligne d’armistice de 1949. Une fois terminé, ce mur raccordera les colonies à Israël, coupant la région d’ouest en est. Pour aller de Sarta à Bruqin, sur la colline d’en face, les habitantes devront alors faire plus d’une heure de détour.

Le grignotage du territoire palestinien.

Le soir, des hauteurs de Barkan, on voit les lumières de Tel Aviv. Le centre économique d’Israël se trouve à 30 minutes en voiture et 15 minutes seulement séparent Barkan de la ligne verte. Avec 1 833 habitantes en 2018, l’agglomération aurait tout de la cité-dortoir si elle n’abritait une importante zone industrielle. Près d’une centaine d’entreprises se sont installées à Barkan depuis la création de la zone industrielle en 1982, relevant des secteurs secondaire et tertiaire.

La colonie est ceinte de barbelés et d’une route de patrouille. Un gardien veille à l’entrée.

Ici, même la question sécuritaire est subordonnée à la question économique. Pendant la deuxième intifada (2000-2005), l’activité économique n’a pas baissé, non plus quand en 2018, un attentat perpétré à l’intérieur même de la zone industrielle a coûté la vie à deux employées israéliennes ainsi qu’à son auteur palestinien, tué par l’armée deux mois plus tard.

L’État israélien subventionne la création d’entreprises dans les territoires occupés, où les zones industrielles sont classées en zones de priorité nationale (ZNP), ce qui leur octroie de nombreux avantages fiscaux. Depuis le début de l’occupation, différentes lois visent à encourager l’investissement et l’installation dans les localités coloniales en fonction de critères précis : statut socio-économique, proximité avec Tel-Aviv et les villes portuaires, niveau de prestation de services, capacité d’absorption de nouveaux immigrants, distance par rapport aux frontières légales ou illégales, niveau de menace sécuritaire.

Sur les terres réquisitionnées, les avantages fiscaux et les incitations permettent de maintenir les baux commerciaux ou industriels à un niveau moins élevé qu’en Israël. Les faibles coûts opérationnels attirent également les investisseurs étrangers. À Barkan, on trouve, par exemple, l’entreprise sud-coréenne Hyundai Heavy Industries (HHI), le plus grand constructeur naval du monde. Ses machines sont notamment utilisées pour la démolition de maisons palestiniennes dans et autour de Jérusalem. Le constructeur allemand de machines de travaux publics Bomag construit des engins de compactage de sol, qui servent, entre autres, à la construction des routes des territoires occupés. Bomag est l’une des 208 filiales du groupe Fayat, le 4e géant du BTP en France (son chiffre d’affaires s’élève à 4,6 milliards d’euros en 2019, dont 37% réalisés à l’international).

Or la politique officielle de l’Union Européenne est de ne pas soutenir l’activité économique d’une puissance occupante et de nombreuses ONG dénoncent ces accointances. Ainsi, la multinationale française Veolia, impliquée dans différentes activités lucratives dans les Territoires palestiniens occupés (ligne de bus de la route 443 interdite aux Palestiniennes, tramway reliant Jérusalem aux colonies illégales, décharge de déchets de Tovlan dans la vallée du Jourdain traitant des déchets israéliens des usines de recyclage, des colonies et de l’armée) a-t-elle fini par s’en retirer. Parmi les entreprises israéliennes installées à Barkan, on retrouve le grand fabricant de vêtements Delta Galil Industries et le conglomérat Electra, qui fournit notamment l’armée israélienne. Transformation du métal, du plastique, du caoutchouc, du textile, chimie, traitement des déchets venant d’Israël (2 usines), informatique, édition, archives, etc., la plupart des secteurs du secondaire et du tertiaire y sont représentés.

Les grues de l’école d’entraînement à leur maniement dominent l’horizon de Barkan.

Outre la libre disposition des ressources locales et une règlementation moins contraignante en matière de pollution, le grand avantage d’une implantation dans les colonies est l’offre de main-d’œuvre locale bon marché. Les familles paysannes, dont les terres ont été confisquées, et l’ensemble de la population confinée dans sa zone de résidence n’ont souvent d’autre choix que de se faire embaucher par ces entreprises. Les salaires y sont plus élevés et le droit du travail mieux respecté que dans les entreprises palestiniennes. Une interdépendance économique s’est ainsi instaurée entre les sociétés implantées dans ces zones et la population locale, ce qui ressemble, de prime abord, à un accord gagnant-gagnant.

Mais Israël domine ainsi le marché du travail et l’économie locale. Les employées palestinienes restent des éléments exogènes aux entreprises israéliennes, l’échange se limitant à la fourniture de leur seule force de travail. Ainsi, l’intersection de la route 5 avec les routes desservant Barkan et sa zone industrielle, la Haris Junction, fait-elle office de point de dépose et de récupération des employées et aussi de relais pour les Palestiniennes employées en Israël. Bus, camionnettes, autos et taxis y font la queue aux heures de pointe.

Haris Junction, « Gitai Junct » pour les colons, en contrebas de la zone industrielle.

Employées de second ordre, les personnes de nationalité palestinienne ne sont, par exemple, pas autorisées à se déplacer sur la voie publique à l’intérieur de la colonie. Une fois déposées en bas de la colline, elles sont récupérées par les services de leurs employeurs. Les permis spéciaux pour entrer sur le territoire de la colonie restent exceptionnels.

Employées déposées en bas de la zone industrielle.

En toute logique, la présence de ces entreprises appelle l’installation de nouveaux colons. Ainsi, les autorités israéliennes ont-elles récemment donné le feu vert à la construction de 1 776 logements, dont 620 dans la colonie d’Eli, et de 534 à Shilo/Shvut Rachel, en Cisjordanie.

La captation de l’emploi contribue ainsi à l’accaparement des terres, opérant une colonisation par le travail : les employées ne contribuent pas au développement des entreprises locales palestiniennes et deviennent dépendantes de l’économie israélienne. En dominant l’activité économique de son hôte, la puissance colonisatrice met la main sur le territoire et crée un état de fait difficilement réversible, tant il a, dans la logique capitaliste, les dehors de la « normalité ».

La vallée du Jourdain : L’occupation

Kehl pendant l’occupation française.
Photo : Archives de la ville de Kehl.

L’occupation suppose, au départ, la présence d’une force armée. Elle fait suite à une victoire militaire et ouvre une « période de transition », plus ou moins longue au cours de laquelle se développent des négociations entre les parties en conflit pour déterminer le statut futur des territoires et les conditions dans lesquelles ce statut sera mis en place. Mais dans certains cas, la phase d’occupation n’est qu’une étape visant à préparer l’annexion...

Ainsi, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, Kehl, ville allemande proche de Strasbourg, a été occupée par la France de 1945 à 1953. Les habitantes avaient été évacuées en une nuit, puis remplacées par des Françaises. En 1946, la ville est rattachée administrativement à la métropole alsacienne.

Juste après la victoire israélienne lors de la guerre éclair de 1967, les Nations unies vont utiliser le terme de « territoires occupés », puis celui de « territoires palestiniens occupés » pour désigner la Cisjordanie, prise par Israël à la Jordanie, qui avait elle-même annexé ce territoire en 1948.

À gauche, plan de partage de la Palestine par l’ONU de 1947, refusé par la partie arabe. À droite, plan israélien Allon de 1967-1970. Ce plan propose qu’Israël se partage les territoires palestiniens avec la Jordanie, qui refusera. Il initie la logique de morcellement des territoires palestiniens occupés qui suivra.

Dès 1967, Israël a commencé à implanter illégalement (selon la résolution 242 des Nations unies) des colonies de peuplement en Cisjordanie, mouvement qui s’accentua après 1988. Les accords d’Oslo, négociés et signés au début des années 1990, ont planifié le découpage de la Palestine en trois zones A, B et C. Cette nouvelle organisation territoriale, qui prévoyait une autonomie complète (zone A), s’est en fait révélée être désastreuse pour la vie quotidienne de la population palestinienne. Aujourd’hui, la zone C, relevant d’une « administration civile », est en réalité régie par l’armée israélienne. Toute activité palestinienne en est bannie.

Une bande fortifiée de 5 km interdit tout accès au Jourdain.
Un réseau de panneaux d’avertissements et de barrières plantées dans le paysage quadrille le territoire.
Zone interdite.

La confiscation des terres, légitimée par de multiples prétextes (zones déclarées militaires, définitives ou temporaires, terres domaniales - 60% du territoire palestinien -, réserves naturelles, etc.), s’accompagne de la destruction systématique de toute construction dans la zone C, même pour des besoins de pâturage des troupeaux.

Structure agricole détruite.

Le harcèlement administratif et militaire permanent décourage la population. La vallée s’est ainsi vidée de la majorité de ses populations paysannes : sur les 250 000 personnes environ qui y vivaient avant l’occupation, il n’en reste aujourd’hui que 65 000.

Disséminés dans le paysage, au bord des routes, on trouve les signes ostentatoires de la conquête militaire et de la colonisation.

L’accaparement des terres, celle des ressources, notamment en eau, rend leur vie impossible. L’ancien réseau d’alimentation en eau a été détruit par l’occupant et les populations rurales obligées de se raccorder au réseau d’eau israélien. L’occupant dispose ainsi d’un pouvoir discrétionnaire sur leur approvisionnement. En raison des restrictions en volume et des coupures d’eau, les paysannes sont condamnées au rationnement et à acheter au prix fort de l’eau livrée par camion.

Implantées parfois en bordure de village palestinien, on trouve des citernes et des pompes réservées aux colonies pour leurs besoins agricoles ou domestiques. Les barbelés préviennent le sabotage.

Pompe de l’époque jordanienne, mise délibérément hors d’usage, comme toutes celles de la vallée du Jourdain.
À côté d’une école palestinienne non raccordée au réseau, pompe et citerne alimentant une colonie.

Dans la vallée, les entreprises israéliennes pratiquent la monoculture industrielle à grand renfort de pesticides, de fertilisants et d’irrigation, alors que l’agriculture palestinienne n’assure plus aux familles paysannes un moyen de subsistance correct. Israël a exporté plus de 55 000 tonnes de dattes en 2019 (source : Comtrade), dont on sait que plus de la moitié est produite dans la vallée du Jourdain.

Au nord de la Mer morte, les plantations de palmiers-dattiers israéliennes s’étendent à perte de vue.
Champs palestiniens, mal irrigués et pollués par le plastique.

Pour l’Union européenne, déterminer la provenance des produits agricoles des colonies illégales est essentiel pour ne pas contrevenir à ses propres directives. Les accords douaniers préférentiels qu’elle a conclus avec Israël imposent la mention du lieu exact de production du produit exporté, mais, en raison des nombreux contournements de cette règle, elle a encore été renforcée par l’adoption de lignes directrices sur l’étiquetage des produits provenant des colonies [16].

L’occupation physique, qui décourage et chasse les habitantes de leurs terroirs, se double de l’effacement symbolique de leurs traces. Sur les cartes touristiques, l’ancien nom de Palestine n’apparaît pas (ni celui de Cisjordanie d’ailleurs). Il est simplement remplacé par celui de Judée et Samarie. Il aura d’ailleurs fallu attendre les négociations d’Oslo pour que les « Arabes », comme on les nommait, puissent faire valoir leur véritable nom de « Palestiniennes ».

À gauche : Couverture du premier numéro du journal Palästina de janvier 1902, dédié à la colonisation sioniste. À droite : Carte actuelle des parcs nationaux et réserves naturelles d’Israël. Le territoire palestinien, suggéré par des pointillés gris, ne correspond plus qu’aux zones A et B, la ligne d’armistice a disparu.

Sur les cartes, les toponymes hébreux ont remplacé les noms arabes et, comme ci-dessus, les noms des colonies illégales apparaissent au détriment de ceux des villages palestiniens. En 1949, le « Comité des noms » constitué par Ben Gourion avait procédé à l’hébraïsation des toponymes [17].

L’espace ainsi débarrassé de la plupart de ses habitantes et leur histoire effacée, l’ancienne Cisjordanie devient une zone franche, un Wild East à conquérir. Au printemps, les touristes israéliennes, hermétiques au drame qui se joue sous leurs yeux, viennent faire de la randonnée et se ressourcer dans les paysages grandioses de la vallée du Jourdain.

Fillette israélienne s’émerveillant de trouver des petits pois qu’elle croit « sauvages » lors d’une promenade en Judée et Samarie. Elle ne se doute pas que des familles paysannes palestiniennes tentent de vivre ici de leurs cultures. Sur son T-shirt, on peut lire : « Quand as-tu fait quelque chose pour quelqu’un pour la dernière fois ? »
Touristes israéliens, savourant le calme et la fraîcheur printanière dans la vallée du Jourdain. Dans les têtes, le principe de l’apartheid territorial est parfaitement acté.

Au regard du droit international, pourtant, cette situation est illégale. Différentes règles s’appliquent aux territoires occupés ainsi qu’aux territoires annexés : le droit humanitaire international (DHI), la quatrième Convention de La Haye de 1907 (HIVR) sur les lois et coutumes de guerre, la quatrième Convention de Genève (GCIV), le premier Protocole additionnel (API). Elles règlent les relations entre la puissance occupante et la puissance occupée et sa population.

En contravention du droit international et au nez de la communauté des Nations, la colonisation et l’occupation israéliennes préparent ainsi le terrain à l’annexion.

Enfants bédouins vivant sous des tentes.

Jérusalem-Est : L’annexion

S’assurer le contrôle d’un territoire limitrophe est un atout militaire. Les États satellites de l’URSS étaient ainsi censés fonctionner comme des glacis de sécurité, repoussant les limites à protéger au-delà des propres frontières de l’Union soviétique. Il en était ainsi pour L’Alsace-Lorraine, puis l’Alsace-Moselle, annexées par le Reich allemand.

Le 15 mars 1938, deux jours après l’Anschluss (l’annexion de l’Autriche par le régime nazi), le chancelier allemand, Adolf Hitler, s’adresse à une foule, savamment mise en scène, massée sur le Heldenplatz à Vienne.
Photo : Bundesarchiv.

Quand le régime nazi annexe l’Autriche en 1938, il la nomme Ostmark (marche de l’Est, la marche étant une région faisant front) avant de la transformer en un ensemble de Reichsgaue du « Grand Reich allemand », le Grossdeutsches Reich.

Souvent euphémisée par l’État aliénant en terme de « réunification », l’annexion est imposée par la force et illégale au regard du droit international quand elle ne résulte pas d’un traité de paix, et, idéalement, d’un référendum. L’imposition de sa juridiction nationale par l’occupant, autant que la reconnaissance par un État tiers, sont des actes sans valeur juridique au regard du même droit.

Il en est ainsi du plateau du Golan, au nord-est d’Israël, conquis militairement à la Syrie lors des guerres de 1967 et 1973, et annexé en 1981. L’occupation militaire s’est accompagnée de l’expulsion de la population locale, les villages ont été systématiquement détruits pour prévenir le retour des habitantes et toute trace de leur présence a été effacée. Acte insensé et sans aucune valeur juridique, la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan a été reconnue par Donald Trump en mars 2019 !

À partir de 1975, la construction de colonies illégales s’intensifia dans toutes les zones de la Palestine considérées comme stratégiques, tel que le proposait le plan Sharon de 1977, qui prévoyait, outre l’implantation de colonies à l’Est de la ligne verte, l’encerclement de Jérusalem-Est par une ceinture de colonies. Depuis la création de l’État d’Israël, le sort de la ville s’est joué en plusieurs étapes. Occupé par la Jordanie de 1948 à 1967, l’Est est alors séparé de l’Ouest israélien par un no man’s land, avec un unique point de passage possible, la porte de Mandelbaum, chaque partie vidant son territoire des habitantes de la partie adverse.

L’ancien quartier Nakhalat, côté israélien.

En 1967, à l’issue de la guerre des Six jours, Israël annexe la partie Est. « Yom Yeroushalayim », la journée de Jérusalem, célèbre cette « réunification » de la ville.

Le quartier des Marocains, aujourd’hui disparu.
Photo : G. Eric et Edith Matson, Library of Congress, non datée.

Pour dégager une esplanade devant le mur des lamentations, le quartier des Maghrebins (ou Marocains) est rasé, ses habitantes doivent l’évacuer en quelques heures. Dès 1967, les Nations unies condamnent cette annexion de la ville des trois monothéismes pour laquelle est prévu un statut international.

Le mur des lamentations.

En 1980, la Knesset déclare Jérusalem « capitale éternelle et indivisible de l’État d’Israël » (loi déclarée nulle par l’ONU car elle viole le droit international au même titre que l’annexion) et poursuit les opérations d’annexion sur le territoire de la municipalité. C’est d’ailleurs pour cette raison que les ambassades et représentations diplomatiques se trouvent à Tel Aviv. En décembre 2017, la reconnaissance par Donald Trump de la ville de Jérusalem comme capitale de l’État israélien entraîne le transfert de l’ambassade américaine - ainsi que celles de quelques autres pays « amis » - de Tel Aviv vers Jérusalem.

La vieille ville, sur laquelle se déverse tout au long de l’année un flot continu de touristes ignorant la situation, est en fait le terrain d’une lutte entre les parties, lutte se jouant souvent à la verticale.

Les drapeaux israéliens signalent l’occupation des lieux par des familles israéliennes juives, ici au dessus de boutiques israéliennes arabes.
Les grilles aménagées aux dessus des rues du quartier arabe protègent les passantes des projectiles des colons.
La police des frontières israélienne est en charge de la sécurité des lieux saints.
Le grignotage. Limites municipales de Jérusalem-Al Quds.
Carte : Jan de Jong, 2000.

En 2000, Israël inclue la partie Est dans les limites municipales de Jérusalem et commence la construction du mur, « barrière de protection » devant stopper les attentats de la deuxième intifada [18]. Dans les zones urbaines comme Jérusalem, cette barrière est constituée de blocs de béton de 7-9 m de hauteur ; ailleurs, elle est une ligne électrifiée sécurisée. En empruntant les voies rapides autour de Jérusalem, un œil inaverti la prendra pour un mur pare-bruit et les check-points routiers lui sembleront des péages...

Mur serpentant dans le paysage près de Bethléem.

Une fois achevée, en raison de son tracé sinueux, sa longueur totale sera de 712 km, soit deux fois plus que la ligne verte de l’armistice de 1949. La barrière est construite pour 85% sur le territoire de la Cisjordanie, dont elle « annexe » de facto plus de 50 000 hectares, soit 9,4% de sa surface. Environ 11 000 personnes de 32 villages s’y retrouvent quasiment emprisonnées et souvent coupées de leurs terres agricoles ou de leurs lieux de travail [19]. Le mur coupe aussi Jérusalem-Est de la Palestine.

Mur enclavant une maison près de Bethléem.

L’annexion rampante de la partie arabe de la métropole se fait particulièrement offensive à l’Est. Israël y exproprie et annexe de plus en plus de maisons sous les prétextes les plus variés.

Maison détruite à Silwan, quartier à la périphérie est de Jérusalem.

Selon l’article 53 de la GCIV, il est interdit à la puissance occupante de détruire des biens mobiliers ou immobiliers appartenant à des personnes privées, à des organisations, à des collectivités publiques ou à l’État, à moins que ces destructions ne soient rendues absolument nécessaires par des opérations militaires. Les actions punitives, telles que la destruction des logements des familles d’auteurs d’actes terroristes, violent l’interdiction de peines collectives de l’article 33 de la GCIV.

Les fouilles archéologiques de la Cité de David et un projet de grand complexe touristique minent ainsi par le dessous le quartier de Silwan, banlieue palestinienne en contre-bas de la vieille ville.

Fouilles archéologiques de la cité de David.
Silwan et la guerre des néons. Les étoiles de David signalent les maisons accaparées par des colons israéliens.

Ces expulsions, ces accaparements, ces démolitions sont en fait les outils d’une implacable stratégie visant à l’annexion de cette partie de la ville. Par ailleurs, les autorités israéliennes s’attachent à effacer - autant que faire se peut - toutes les traces physiques qui matérialisent le cheminement de la ligne verte, par exemple, en faisant en sorte qu’il n’y ait plus de différences entre les équipements urbains de l’ouest et de l’est de la ville. Le tramway circule aujourd’hui indifféremment en territoire israélien ou en territoire occupé.

Jérusalem, rue de Jaffa.

Conclusion

Le cas d’Israël et de la Palestine montre bien l’enchevêtrement des dispositifs d’accaparement et la logique du fait accompli qu’ils cherchent à implémenter. Le fonctionnement dialectique entre les actrices et acteurs de terrain (colons, militaires, entreprises) et l’arsenal juridique de l’occupant sert à auto-légitimer l’expansion territoriale et le remplacement des populations vivant dans l’espace convoité [20].

Dans les Territoires palestiniens occupés, la colonisation procède par un grignotage planifié du territoire. La colonisation économique double la colonisation foncière et instaure un rapport de domination qui gèle l’activité du colonisé et empêche son déploiement dans l’espace, donc une vie autonome.

L’occupation instaure une logique d’oppression et d’apartheid, où l’inégalité ou la privation des droits civils et politiques des populations est la norme. Les îlots de vie autonomes restant aux Palestiniennes, et qui vont s’amenuisant, sont ainsi à qualifier de bantoustans. La discontinuité territoriale rend impossible la constitution d’une quelconque entité nationale.

L’annexion des portions de territoire colonisé (par les colonies illégales d’habitation et d’exploitation) ou vidé de ses habitantes (phénomène en cours dans la vallée du Jourdain, acté pour Jérusalem-Est) vient clore le processus. Confiscation territoriale et déni de citoyenneté procurent au colonisateur l’illusion qu’il peut priver le peuple colonisé de son droit à l’autodétermination, tel que défini par la Charte des Nations Unies de 1945, et par là, à l’accès à la souveraineté nationale.

C’est en en repérant les traces - leur répétition, leur accumulation, leur évolution - dans le paysage, en les « dénaturalisant », que l’on réalise la systématique de ces dispositifs d’accaparement du territoire et de l’espace.

Au regard de cette « réalité du terrain », le plan « de paix » de l’administration Trump de février 2020 ne fait qu’acter l’annexion effective d’une grande partie du territoire palestinien et ne concède aucune souveraineté nationale à une sorte de pseudo État-moignon sans aucune continuité territoriale qu’on nommerait Palestine. Ridicule et parfaitement inacceptable par la partie lésée, ce énième plan est, comme les autres, voué aux oubliettes de l’histoire [21]. Nous pourrions en rire s’il ne représentait une aubaine de plus pour l’occupant de parachever l’accaparement du territoire palestinien et n’éloignait encore un peu plus son propre pays de la morale, de la justice et du droit. Face à l’échec de la « solution à deux États », qui a mené à l’impasse actuelle, n’est-il pas temps de reposer la question de l’État binational [22] ?

Comment ne pas voir dans cette situation, à l’heure où des milliers d’Israéliennes descendent dans la rue pour réclamer le départ du Premier ministre, un signe inquiétant du détournement général du principe de la représentation démocratique par des personnes qui ne représentent pas grand monde ?


Addendum
Relisant ces lignes le 1er novembre 2023, alors que la guerre sévit depuis bientôt un mois, je comprends combien mon regard situé d’Européenne binationale a maintenu une lueur d’espoir naïf sous les strates accumulées des évidences : la vieille chimère d’un État binational est irréaliste. La paix entre les humains est impossible quand l’une des parties vit sous le joug du dispositif de colonisation, d’occupation et d’annexion que je décris dans cet article. La « cocotte-minute de Gaza » a explosé, dit Michel Warschawski. La paix est impossible quand le droit international est bafoué. La paix est impossible quand des esprits égarés nient l’humanité des autres.
Les identités de toute nature (nationale, culturelle, religieuse, ethnique...) n’existent pas, ce sont de pures constructions, infiniment dangereuses et clivantes, car elles enferment l’individu dans une doxa et le mettent à la merci de fanatiques et de chefs de guerre. Cependant il est clair qu’il faut organiser les prémisses de l’égalité entre les parties : un État palestinien souverain doit voir le jour !
Après 75 ans de déni de la part de la communauté internationale, j’ai honte du silence des gouvernements (qui ne nous représentent pas, nous, la population civile) qui, sous couvert de normalisation, ont fait primer les intérêts mercantiles sur la justice et la dignité humaine. Jean Jaurès le savait : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ».
Je pleure, mais je sais que les merveilleuses personnes que je connais en Israël et en Palestine œuvrent et continueront d’œuvrer pour la paix. Que l’avenir soit entre leurs mains.
Johanna
Sur le mur de ségrégation, près de Bethléem, citation de Nelson Mandela illustrée par le portrait de l’acteur Morgan Freeman qui joue son rôle dans le film Invictus, 2009.

Bibliographie

Dominique Bourel, Martin Buber. Sentinelle de l’humanité, 2015.
Roger Brunet, Le déchiffrement du Monde. Théorie et pratique de la géographie, 2001.
Haute école pédagogique du canton de Vaud (éd.), 1948. Aux origines du problème des réfugiés palestiniens, 2020.
James Horrox, Le mouvement des kibboutz et l’anarchie. Une révolution vivante, 2018.
Jürgen Osterhammel, Kolonialismus. Geschichte, Formen, Folgen, (1995), 2006.
Shlomo Sand, Comment la terre d’Israël fut inventée. De la Terre sainte à la mère patrie, 2012.
Shlomo Sand, Une race imaginaire. Courte histoire de la judéophobie, 2020.
Jean-Paul Sartre (dir.), Les Temps Modernes, n°22, 1967, dossier « Le conflit israélo-arabe ».
Khalil Tafajki, 31° Nord, 35° Est, 2020.
Michel Warschawski, Israël-Palestine. Le défi binational, 2001.
Michel Warschawski, Sur la frontière, 2002.

Johanna Schreiner


[1Maxime Rodinson, « Israël, fait colonial ? » dans Les Temps Modernes, n°22, 1967, dossier « Le conflit israélo-arabe », p. 17-88.

[2Sur la judéophobie, voir Shlomo Sand, Une race imaginaire. Courte histoire de la judéophobie, 2020.

[3La loi fondamentale sur la nation de 2018 déclare Israël « l’État-nation du peuple juif, où celui-ci applique son droit naturel, culturel, religieux, historique ainsi que son droit à l’autodétermination ». Sur l’histoire des rapports entre les groupes laïcs et religieux israéliens, voir Michel Warschawski, Sur la frontière, 2002.

[4Sur la question des personnes réfugiées, voir Haute école pédagogique du canton de Vaud (éd.), 1948. Aux origines du problème des réfugiés palestiniens, 2020.

[5Michaël Séguin, « Conceptualiser la colonialité d’Israël : retour sur la trajectoire d’une analyse polémique » dans Cahiers d’Histoire. Revue d’histoire critique, n°131, 2016, p. 135-154.

[6Sur le paysage comme « apparence du pays » dont la lecture complète la carte et les statistiques pour l’analyse spatiale, voir Roger Brunet, Le déchiffrement du Monde. Théorie et pratique de la géographie, 2001, p. 402ff.

[7Jürgen Osterhammel, Kolonialismus. Geschichte, Formen, Folgen, (1995), 2006, p. 21.

[8Sur l’imaginaire territorial juif et la colonisation sioniste, voir Shlomo Sand, Comment la terre d’Israël fut inventée. De la Terre sainte à la mère patrie, 2012.

[9Arthur Ruppin, « Das Verhältnis der Juden zu den Arabern », dans Der Jude. Eine Monatschrift, n°10, 1918-1919, p. 453-457. Par ailleurs, Arthur Ruppin était un adepte de l’eugénisme, tous les Juifs n’étant pas égaux du point de vue de la « race ». Voir son article « Die Auslese des Menschenmaterials für Palästina » dans Der Jude. Eine Monatschrift, n°8-9, 1918-1919, p. 373-383.

[10Journal intime de Ben Gourion, à la veille de l’adoption de la résolution de l’ONU de 1947 sur le partage de la Palestine, cité par Shlomo Sand, Comment la terre d’Israël fut inventée, 2012, p. 336.

[11Le documentaire d’Eyal Sivan et Michel Khleifi, Route 181, fragments d’un voyage en Palestine-Israël, 2003, suit le tracé la « ligne verte » alors tracée entre les deux parties.

[12Shlomo Sand, Comment la terre d’Israël fut inventée. De la Terre sainte à la mère patrie, 2012, p. 358.

[13Sur le mode opératoire de l’implantation d’une colonie à partir d’un avant-poste et de l’arsenal juridique qui la légitime, voir Khalil Tafajki, 31° Nord, 35° Est, 2020, p. 135-141.

[14À Jérusalem-Est, également occupée, vivent environ 220 000 colons (chiffres 2018 Peace Now). Dans le Golan syrien occupé, il y a 34 colonies avec environ 26 000 colons (chiffres 2017 Who profits).

[15Exemple de destruction systématique des oliveraies dans la région : http://poica.org/2020/05/settlers-o...

[16Cette règle a été adoptée en 2019 : https://www.lemonde.fr/economie/art...

[17Voir Elias Sanbar, « Les réfugiés palestiniens dans les négociations de paix », dans Haute école pédagogique du canton de Vaud (éd.), 1948. Aux origines du problème des réfugiés palestiniens, 2020, p. 82-91.

[18Voir le documentaire de Simone Bitton, Mur, 2004.

[19Chiffres B’tselem, 2017.

[20Sur le rôle historique des colons, notamment du mouvement Goush Emounim, voir le documentaire de Shimon Dotan, Les colons, 2015.

[22Sur l’histoire du principe d’État binational, qui suppose de lutter pour l’égalité des droits plutôt que pour la souveraineté nationale, voir Michel Warschawski, Israël-Palestine. Le défi binational, 2001, p. 87-94. Sur la nécessité vitale et morale pour Israël de promouvoir la coexistence entre Arabes et Juifs aux yeux de Martin Buber et des sionistes humanistes des années 1920-1930, voir Dominique Bourel, Martin Buber. Sentinelle de l’humanité, 2015. Sur les enjeux actuels de cette solution, voir Leila Farsakh, « The One State Solution and the Israeli-Palestinian Conflict : Palestinian Challenges and Prospects » dans Middle East Journal, vol. 64/1, 2011.


Image du bandeau : Sur les toits de Jérusalem.
Photographies et cartes : Johanna Schreiner, sauf autres crédits.
Article paru précédemment sur visionscarto.
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