Refuges éphémères, lieux transformés

Publié le 26 juillet 2023

Qu’en est-il des lieux où des réfugiées se sont arrêtées un moment et qui, par la suite, ont conservé des traces discrètes de leur passage ? Ce sont ces abris éphémères que constituent les bouts de trottoir, les bords du canal Saint-Denis, les portes du périphérique parisien, les espaces situés sous le métro aérien, les parcs, etc. Depuis 2019, Bahar Majdzadeh enquête sur les lieux des anciens campements urbains de personnes exilées à Paris et dans sa banlieue. Cette quête mêle des images photographiques à des témoignages écrits et à des cartes dessinées et porte un regard sensible sur les dimensions multiples de ces lieux ordinaires, auparavant délaissés, qui ont revêtu un caractère politique suite à l’installation des réfugiées.
Un extrait de ce travail a été exposé à la Cité internationale des arts de Paris dans le cadre de l’exposition « Quand l’inconcevable prend forme ».

par Bahar Majdzadeh, docteure en Arts [1]


« Refuges éphémères, lieux transformés » est un projet de recherche et création empirique qui mêle des images photographiques, des témoignages écrits, des cartographies et l’ambiance sonore des lieux. Il aborde le sujet des campements urbains d’exilés, situés à Paris et dans sa banlieue, qui sont apparus à partir de 2015.

Carte dessinée du Pont de Stains. Plus de 1000 réfugiées ont été évacuées de ce lieu lors de l’été 2020. Néanmoins il demeure un point de repère pour les exilées.
Crédits : Bahar Majdzadeh.

À la manière d’une enquête menée dans le temps et dans l’espace, ce projet rend compte de ce que sont devenus les lieux de ces anciens campements. Cette recherche sensible qui a commencé par l’image est en réalité un travail d’observation de longue durée mené sur chaque lieu. Il débute toujours suite à l’évacuation des réfugiés de ces lieux, qui dès lors, deviennent des lieux aux multiples enjeux. En effet ces lieux souvent délaissés, qui n’intéressaient personne, sont des lieux de frontières, porteurs d’une temporalité différente, qui racontent une histoire de la ville que l’on cherche à effacer.

Carte dessinée de la Porte de Paris, Saint-Denis. Un campement de plus de 2000 personnes demandant l’asile a été évacué en novembre 2020. Depuis, le lieu est resté fermé.
Crédits : Bahar Majdzadeh.

Ce travail se concentre sur des traces, certes discrètes, laissées suite aux interventions des pouvoirs publics (et parfois privés), dans ces espaces publics. Ainsi, les photos dans ce projet s’articulent autour de trois grandes catégories : les zones interdites, les lieux transformés et les espaces qui portent encore des traces mnémoniques. S’inspirant de la carte officielle, les cartes dessinées à la main questionnent la ville et matérialisent par le trait, les lieux où des exilés ont trouvé refuge. Les témoignages et les récits récoltés relatent une expérience, une rencontre ou un souvenir vécu dans un campement.

Vue de l’exposition.
Crédits : Bahar Majdzadeh.

Bahar Majdzadeh


[1Bahar Majdzadeh est ATER à l’Université Aix-Marseille.


Image du bandeau : Espace situé entre le centre commercial « Le Millénaire » à Aubervilliers et le canal Saint-Denis. Plus de 1000 réfugiées ont été évacuées de ce lieu au printemps 2018. Néanmoins certaines continuent d’y venir, malgré la présence des forces de l’ordre.
Si vous souhaitez utiliser cet article ou contacter l’auteure, vous pouvez vous adresser à contact@imagomundi.fr.

Ce code QR contient l’adresse web de cet article. Vous pouvez le scanner ou le photographier afin de le faire connaître.
 
qrcode:https://www.imagomundi.fr/article49.html

Contact

Adresse email

contact@imagomundi.fr